Il est dit que « quand il y a la santé…». Et on dit aussi «avant tout la santé». Des adages populaires que le Gouvernement fera probablement bien de garder à l’esprit en les formulant la loi de finances, précisément parce qu’ils sont « populaires ». La politique est appelée à gérer d’énormes complexités et il est évident que les comptes doivent s’additionner, mais quand on répète depuis des années que les soins de santé sont sous-financés ce serait un pari que de penser non seulement à ne pas y remédier, mais peut-être même à lui retirer des ressources. Il ne s’agit pas de caprices, d’avantages de position à préserver ou quoi que ce soit d’autre. Chaque personne et chaque famille sait bien que lorsque la maladie frappe, tout change, y compris les budgets familiaux. Pour la santé tu abandonnes tout, tout devient secondaire.
Il semble raisonnable de s’attendre à ce qu’il en soit de même pour la « famille élargie » représentée par l’État.. Réduire le gaspillage, lutter contre les inefficacités et les distorsions est non seulement nécessaire, mais sacro-saint, car cela contribue à la survie du système. Mais une réduction des financements serait dangereuse et, de surcroît, improductive. Car on ne peut pas, et on ne doit pas, se lasser de répéter que ceux destinés aux soins de santé, et donc à la santé de tous, sont de l’argent investi et non gaspillé parce que garantir des économies. Et pas seulement en termes de dépenses directes futures, mais aussi de paix sociale, de productivité, et in fine de PIB, qui, comme nous le savons bien, est un paramètre qui a des conséquences décisives sur le budget de l’Etat et donc sur les dépenses publiques: un serpent qui se mord la queue.
Bien sûr, il ne faut pas être naïf: rien n’est facile, mais ce serait vraiment une erreur impardonnable (et qui ne serait sans doute pas pardonnée) de sacrifier sa santé peut-être pour ne pas échapper à « l’équilibre » d’éventuels projets de loi électoraux. Il n’y a rien de comparable à une maladie que l’on ne peut pas se permettre de guérir ou une pathologie qui aurait pu être prévenue ou traitée efficacement grâce à un diagnostic accessible. Et il n’y a rien de comparable au fait de ne pas pouvoir guérir parce que la liste d’attente est plus longue que l’espérance de vie.