1324 juillet
Pogacar gagne dans les Pyrénées où les factures sont plus élevées qu'ailleurs
Les Pyrénées sont à l'honneur sur le Tour qui, on ne sait pourquoi, ne sont pas les Alpes mais sont plus effrayantes. Qui sait pourquoi ils vous donnent toujours des frissons. Evasions et séparations. Evasions et écrasements. Evasions et gloire mais aussi adieu les rêves de gloire. Et cela s'applique partout. Dans une ville aléatoire, dans une montée aléatoire, dans une descente aléatoire, sur l'asphalte traître d'une pente balayée par le vent qui n'en finit pas. C'est peut-être une légende, peut-être que c'est la vérité. Le Tourmalet, le Col d'Aubisque, le Cold'Aspin sont légende et vérité. Mais aujourd'hui arrivée à Soulan Pla d'Adet où Tadej Pogacar il salue tout le monde à quatre kilomètres et demi de la ligne d'arrivée et à l'arrivée il montre ses muscles, arrivant avec une quarantaine de secondes d'avance Jonas Vingegaard et une minute et 10 secondes allumées Remco Evenepoel qui le poursuivent maintenant quelques minutes en général. Fin de la tournée ? Non car ce n'est jamais fini tant que ce n'est pas fini mais on saura déjà demain quelque chose de plus avec une autre étape pyrénéenne qu'avec le Col de Peyresourde, le Col de Mente, le Col d'Aspet, le Col d'Agnès et l'arrivée au Plateau de Beille impliquera plus de 5 mille mètres de dénivelé. A vélo quand la route monte c'est difficile partout mais les Pyrénées c'est autre chose. Moins rude peut-être, mais enveloppé de ce mystère que seules les montagnes immergées dans la brousse peuvent offrir. Comme nos Apennins : une terre dure, véritablement imperméable et parfaite pour les embuscades diurnes. Sur des montagnes comme celles-ci, Giros et Tours étaient autrefois perdus et gagnés plus que sur les sommets historiques où désormais tout le monde se regarde et à la fin tout le monde attend. Les Pyrénées restent là, vous observant mystérieusement, entourées de nuages noirs et de leur histoire. On dirait qu'ils vous contrôlent, en réalité ils attendent que quelqu'un lance le défi. Aujourd'hui, c'est le maillot jaune qui a lancé le défi en envoyant des éclaireurs en avant Adam Yates ce qu'il a atteint en amen Ben Haely en fuite puis a attendu que son capitaine lui donne un peu de répit. Pogacar a fait le reste tout seul comme cela arrive toujours en montagne car, vous pouvez avoir autant de coéquipiers que vous le souhaitez à vos côtés, mais s'ils ne soutiennent pas vos jambes, vous restez où vous êtes. Indiquer. «J'ai suivi mon instinct, je voulais gagner l'étape au sprint restreint… Puis j'ai vu que les hommes de Visma n'arrivaient pas à réagir et finalement ça s'est mieux passé…». Sera. Il n'en reste pas moins que le Slovène, qui semblait un peu ennuyeux il y a quelques jours, est aujourd'hui revenu avec force au sommet et demain il pourrait vraiment tenter d'hypothéquer son doublé historique sur le Giro Tour. Mais beaucoup dépendra de sa réaction. Vingaard qui, lorsque les altitudes se corsent, reste à considérer parmi les favoris. Et beaucoup dépendra des Pyrénées, des montagnes aux couleurs douces qui ressemblent aux coups de pinceau d'un peintre à l'âme sereine qui changent pourtant soudainement de ton et prennent la couleur vert foncé du fond d'une bouteille. Et ils font peur. Parce que le soleil qui est sur le point de partir disparaît derrière quelques nuages meurtris et en un instant l'obscurité descend. Et les factures sont plus élevées qu’ailleurs.