Une vision globale désormais indispensable : il faut passer du conditionnel devrait au nous devons (présent de l’indicatif)

Nous sommes confrontés un changement de paradigme dans le concept de santé. En 1948, l’Organisation mondiale de la santé définissait la santé non seulement comme l’absence de maladie et d’incapacité, mais aussi comme plein bien-être physique, mental et social. Nous avons réalisé que la maladie mentale est en effet une maladie; que les conditions sociales (par exemple, la pauvreté, l’analphabétisme) constituent les déterminants socio-économiques et culturels de la santé. Ceux qui sont pauvres et/ou peu instruits tombent malades plus fréquemment et plus gravement, étant donné le manque d’accès à la nourriture et à l’eau, le manque de logement et de conditions d’hygiène adéquates, le manque de travail. La notion de une santé étend la santé au bien-être, aussi bien humain que non humain. Notre santé est étroitement liée à la santé animale et à la santé de l’environnement.

Avec la pandémie, nous avons pris conscience de ce qui se passait déjà, c’est-à-dire la transmission interspécifique de certaines pathologies entre animaux et humains. Nous prenons aujourd’hui conscience que le changement climatique, la pollution, l’exploitation abusive des ressources naturelles affectent notre santé (la hausse des températures favorise la transmission de maladies infectieuses, par exemple). Quelqu’un parle même de santé planétaire, identifiant l’environnement à l’écosystème. Mais pour passer des concepts à la pratique, l’élargissement du concept de santé doit également conduire à un changement dans la recherche, dans les politiques ainsi que dans l’éducation. Dans la recherche, les médecins doivent collaborer avec des psychologues, des sociologues, mais aussi des vétérinaires et des spécialistes de l’environnement, pour comprendre les causes des maladies et rechercher des voies thérapeutiques.

Toutes les politiques doivent considérer la santé (la santé dans toutes les politiques) et les politiques de santé doivent prendre en compte, pour la prévention, le traitement et l’organisation, tous les facteurs affectant la santé publique. L’information et l’éducation des citoyens sur la santé doivent permettre l’acquisition d’une prise de conscience de l’interaction des différentes composantespour comprendre comment changer les comportements (ex. mode de vie, comportements durables envers les animaux et l’environnement). Une seule santé, en bref, la conception globale de la santé (la santé de tous, la santé de tous) et la conception holistique de la santé (santé humaine liée à la santé animale et environnementale). Il faut commencer à comprendre le concept, mais aussi agir en synergie et collaborer de manière intégrée et collective en conséquence, pour traduire le conditionnel (devrait) en changements réels.

* Professeur de philosophie du droit, Lumsa

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