Une vaste enquête menée en Italie répond à certains doutes des oncologues sur les thérapies les plus adaptées à certains patients : une discussion multidisciplinaire du cas individuel est nécessaire
Encore difficile à diagnostiquer et très hétérogène d’un point de vue clinique et biologique, les tumeurs neuroendocrines sont un groupe de néoplasmes qui enregistrent chaque année plus de 2 600 nouveaux cas en Italie. S’agissant de maladies très rares et complexes tant à reconnaître qu’à traiter, il est indispensable que le patient soit accompagné par une équipe pluridisciplinaire qui discute du cas clinique unique et décrit le plan de traitement le plus adapté. Cela a été réitéré par une revue menée par l’Association italienne d’oncologie médicale (Aiom), publiée dans la revue Avis sur le traitement du cancer
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Que sont les tumeurs neuroendocrines
Tumeurs neuroendocrines (tumeurs neuroendocrines, NETs en anglais) sont un groupe hétérogène de néoplasmes dérivant de cellules neuroendocrines, dispersées pratiquement partout dans le corps humain : ce sont en fait des cellules spécialisées qui fonctionnent à la fois dans le système nerveux et endocrinien, dans la production d’hormones. « Les tumeurs neuroendocrines, dont il existe de nombreux sous-types très différents, sont rares en ce qu’elles ont une incidence de moins de six nouveaux cas pour 100 000 habitants par an – explique Nicolas Fazio, directeur du programme Tumeurs du système digestif et neuroendocrines à l’Institut européen d’oncologie (IEO) de Milan —. Les plus fréquents sont ceux de tractus gastro-entéropancréatique (environ les deux tiers des cas), ceux-ci suivent broncho-pulmonaire (20-30 %) ou d’autres régions du corps (10 %) telles que peau, thyroïde, parathyroïde et glandes surrénales. Compte tenu de la rareté et de l’hétérogénéité biologique et clinique des tumeurs neuroendocrines, la prise en charge des patients qui en sont atteints doit être prise en charge dans un cadre spécialisé et pluridisciplinaire ». Bref, comme il s’agit de pathologies peu fréquentes et peu connues, il est difficile à la fois de les reconnaître et de les traiter correctement: donc le travail d’équipe de plusieurs experts est nécessaire pour mieux assister chaque cas.
La nouvelle enquête répond aux doutes
La nouvelle étude (réalisée grâce au soutien inconditionnel d’Ipsen SpA) a été voulue par les experts pour répondre aux questions sur le rôle de médicaments octréotide et lanréotide (utilisés dans le traitement des TNE) dans des situations douteuses. « L’octréotide et le lanréotide sont deux analogues de la somatostatine que nous utilisons depuis des années comme thérapies capables de bloquer la croissance tumorale et de contrôler certains symptômes associés à la maladie – précise-t-il. Saverio Cinieri, président national de l’Aiom -. Cependant, leur utilisation dans certains contextes cliniques pour les tumeurs neuroendocrines gastro-entéropancréatiques et pulmonaires est controversée. En fait, il n’y a pas d’accord universel entre les spécialistes car les preuves scientifiques ne sont pas aussi claires. Même les différentes directives internationales sont parfois contradictoires ». «Avec notre publication, nous avons analysé de manière critique les preuves scientifiques de huit situations cliniques particulières dans lesquelles l’utilisation d’analogues de la somatostatine est débattue – poursuit Fazio -. Il en est ressorti que, contrairement aux situations cliniques classiques où l’utilisation de ces thérapeutiques est routinière, il existe des contextes particuliers dans lesquels l’octréotide et le lanréotide peuvent déterminer des avantages pour des patients sélectionnésbien que les preuves scientifiques soient modestes. Ces types de cas doivent être discutés au sein de groupes multidisciplinaires dédiés aux tumeurs neuroendocrines, incluant des cliniciens tels que oncologue, endocrinologue, gastro-entérologue, interniste, médecin nucléaire».
Hôpitaux spécialisés en Italie
Bien que les tumeurs neuroendocrines soient malignes, dans de nombreux cas, elles ont une évolution plus indolente que les tumeurs non neuroendocrines des mêmes organes et cela permet à de nombreux patients (même à un stade avancé) de vivre longtemps avec la maladie et les thérapies. «Cependant, avoir un diagnostic correct et être suivi dans un centre spécialisé est une condition préalable indispensable – conclut Cinieri -. En Italie, il existe huit centres d’excellence pour le traitement des tumeurs neuroendocrines gastro-entéropancréatiques qui ont reçu la certification de la Société européenne des tumeurs neuroendocrines. Par ailleurs, il existe diverses structures hospitalières, universitaires ou de recherche, dans lesquelles il existe des compétences mono ou oligo-spécialistes pour le traitement de ces formes particulières de cancer. Ce sont des néoplasmes complexes et contre lesquels des résultats importants ont été obtenus au cours des 20 dernières années. Une plus grande coordination sur le front de la recherche scientifique est essentielle si nous voulons augmenter encore les taux de survie ».