Bonjour cher néphrologue,
Présentation : Femme de 64 ans, rein unique, Escherichia coli asymptomatique permanent dans les urines et l’intestin.
Questions générales:
– Escherichia urinaire asymptomatique, j’ai déjà une liste d’antibiotiques, en général, quel principe actif d’un antibiotique n’endommage pas ou le moins les reins ?
– Quand craindre que cette situation (CE silencieuse mais présente) puisse passer de l’urine au rein et/ou de l’intestin au rein ?
– Quels symptômes et/ou tests témoignent de la présence éventuelle d’EC dans le rein ?
Pour éviter d’envoyer un autre message avec une question, je profite de ce service utile en changeant le sujet, en partie,
– Quelle est la différence entre le test de créatinine urinaire et le test de créatinine sanguine ? Lequel des deux tests détecte la fonction rénale ? Quelles valeurs peuvent être considérées comme normales dans la vieillesse? Un rein hypertrophié devrait-il être une préoccupation ?
Je vous remercie beaucoup
de Lune
La réponse du Dr Arrigo Schieppati
Chère Madame, Dans votre lettre, vous omettez des informations importantes telles que la cause de votre maladie d’un seul rein et votre fonction rénale actuelle.
Il semble être entendu que vous êtes porteur d’une maladie appelée « bactériurie asymptomatique ». Cette définition indique que la culture d’urine (réalisée correctement) montre la croissance des bactéries (dans ce cas précis E. Coli – de loin la bactérie la plus fréquemment identifiée), mais vous ne ressentez pas subjectivement les troubles typiques des infections urinaires inférieures ( et encore moins du high). Cette condition est assez fréquente, surtout chez les femmes mûres, et encore plus chez les personnes âgées.
Les tentatives répétées de stérilisation des urines sont souvent suivies de récidives précoces ou de courte durée (réapparition de germes), entraînant souvent des cycles répétés d’antibiothérapie. L’usage récurrent d’antibiotiques, en plus de nous exposer au risque d’effets indésirables, comporte le risque de provoquer des résistances aux antibiotiques, un phénomène qui se propage de façon inquiétante et qui risque de nous laisser sans armes efficaces en cas d’atteinte même grave infections symptomatiques.
Pour cette raison, de nombreux experts suggèrent de ne pas traiter la bactériurie asymptomatique, sauf dans des cas très particuliers comme la grossesse, ou lorsque vous devez subir une investigation urologique invasive, ou dans les trois premiers mois après une greffe de rein. Comme vous pouvez le voir, ce sont des circonstances très particulières; pour la grande majorité des cas de bactériurie asymptomatique, selon les experts, la thérapie n’est pas indiquée (il est important de préciser que ces déclarations concernent spécifiquement ceux qui ont une culture d’urine positive mais aucun trouble d’aucune sorte). Ce principe général doit être évalué et éventuellement suivi par le médecin traitant qui connaît en détail l’état de son patient.
La bactériurie asymptomatique est une infection limitée à la vessie ; la propagation du germe en remontant le long de l’uretère jusqu’au pelvis rénal et éventuellement de là au tissu rénal est un événement très rare et survient généralement en cas de malformations des voies urinaires (reflux dit vésico-urétéral). Cette condition est appelée pyélonéphrite et s’accompagne de symptômes tels que fièvre, douleur au flanc du côté affecté, etc. Il s’agit évidemment d’une condition qui nécessite une évaluation médicale et une antibiothérapie ultérieure.
Pour en venir à votre autre question, la mesure de la créatinine sanguine est le premier et le plus important test pour évaluer la fonction rénale ; sa valeur augmente avec la diminution de la fonction rénale et, dans le cas d’une maladie rénale, sa mesure répétée dans le temps est très utile.
La mesure de la créatinine dans l’urine seule n’est pas d’une grande utilité, alors que si nous mesurons la créatinine dans le sang et dans un échantillon d’une collection d’urine produite en 24 heures en même temps, nous pouvons calculer ce que l’on appelle la clairance de la créatinine , qui entre également dans le cadre des investigations d’évaluation de la fonction rénale. La clairance de la créatinine diminue si la fonction rénale se détériore.
Il existe également d’autres méthodes de mesure de la fonction rénale, mais je ne les détaillerai pas ici.
La fonction rénale (quelle qu’en soit la mesure ou l’estimation) subit un léger déclin physiologique avec l’âge. Pour cette raison, il convient de souligner qu’une valeur – dans notre cas les données sur la fonction rénale – ne doit jamais être évaluée en dehors du contexte clinique, des antécédents du patient, de son âge, etc.
Enfin, le rein hypertrophié : là aussi, avec une définition aussi peu précise, je ne peux pas vous renseigner adéquatement. Je peux vous dire que les patients qui n’ont qu’un seul rein peuvent développer une hypertrophie compensatoire (hypertrophie) de l’autre organe. Ce phénomène se produit surtout si vous êtes né avec un seul rein, ou si celui-ci a été retiré dans l’enfance ou l’adolescence