La réponse du Dr. Giancarlo Cerveri

Chère Maria, Merci pour votre question car elle touche à un sujet très complexe qui est le difficile diagnostic différentiel entre une pathologie psychique et une pathologie physique.

C’est un aspect auquel les intervenants de la clinique doivent constamment faire face. Par exemple, on sait qu’il existe des pathologies somatiques capables de se manifester au moins dans la phase initiale avec uniquement des symptômes psychiques, mimant ainsi une pathologie essentiellement psychiatrique. L’hypothyroïdie, une condition qui se caractérise par une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, dans la phase initiale se manifeste par des symptômes tels que la fatigue, la perte d’intérêt, la distraction, etc. Si, suite à une évaluation superficielle, la personne est traitée avec des antidépresseurs, il ne sera pas possible de trouver une réponse satisfaisante. La bonne classification du problème et le traitement par une thérapie substitutive à base d’hormones thyroïdiennes améliore les symptômes psychiques et évite toutes les autres complications liées à l’hypothyroïdie. Ce processus est appelé diagnostic différentiel, en tant que psychiatre (diplômé de l’école de médecine avant de se spécialiser en psychiatrie), il est d’usage de commencer ce chemin de définition du problème avant de commencer tout traitement.

Pour en venir à votre cas, j’observe que, d’après ce que vous décrivez, jusqu’à présent votre état a été évalué et traité comme un état neurologique, comme s’il s’agissait d’un état épileptiforme. Il a effectué des tests neurologiques spécifiques tels que l’électroencéphalogramme et la résonance magnétique cérébrale pour exclure la présence de toute lésion pouvant justifier l’image. Elle a été traitée avec des antiépileptiques (médicaments spécifiques à cette pathologie) sans résultats.

Maintenant, il faut se demander s’il pourrait y avoir dans ce cas une pathologie psychiatrique se manifestant par ce symptôme de déréalisation d’une si courte durée.

Elle décrit cette condition comme une sorte de bulle dans laquelle elle perd la capacité de se sentir « familière » avec l’environnement qui l’entoure, de plus elle rapporte une perception cognitive altérée « dans ces moments où mon esprit me dit que tu es en train de mourir ».

Tout cela pourrait être secondaire à certains troubles psychiatriques, à la lumière de l’évolution temporelle et des symptômes il serait utile d’exclure un état de Trouble Panique.

Le sujet du diagnostic différentiel entre épilepsie et crises de panique est un aspect largement étudié, dans une revue de littérature de 2018 publiée dans la revue Epilepsy And Behavior, les auteurs tentent de décrire systématiquement le phénomène (https://www.sciencedirect.com/science/ article/abs/pii/S1525505018300623).

En conclusion, Maria vous conseille de consulter un psychiatre qui pourra vous aider, avec vos collègues neurologiques, à effectuer une classification diagnostique correcte et ensuite à commencer le traitement le plus adapté à votre trouble.

Cordialement

Dr Giancarlo Cerveri

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