Van Aert sale avec de la boue ? Mais qui les pousse à le faire… – Le blog d'Antonio Ruzzo

1225 janvier

Van Aert sale avec de la boue ? Mais qui le pousse à faire ça…

La photo de Wout Van Aert vainqueur il y a quelques jours Termonde en Belgique de la Coupe du monde de cyclocross qui arrive à la ligne d'arrivée complètement recouvert de boue raconte beaucoup de choses sur ce sport ancien mais explique surtout pourquoi le champion belge est l'un des cyclistes les plus aimés. La boue est la poussière magique qui fait que chacun se sent à nouveau comme un enfant lorsqu'il attend la pluie pour aller jouer dans le champ à l'extérieur de la maison, le terrain parfait pour démontrer qu'il a du courage, pour essayer quand même quand il ne peut pas ou ne devrait pas. Il faut se salir les mains dans la boue… Et Van Aert fait cela parce qu'il donne toujours l'impression d'être un amoureux du cyclisme plutôt qu'un coureur professionnel, c'est-à-dire quelqu'un qui pédale pour gagner sa vie. Autrement, on ne peut pas expliquer pourquoi quelqu'un comme lui, célèbre, bien payé, avec un contrat pratiquement déjà en poche qui lui garantira un avenir comme manager chez Visma même une fois sa carrière terminée, décide n'importe quel jour du mois de janvier de partir et concourir dans l'un des nombreux villages de la Flandre orientale dans un enfer de « palta » devant quelques milliers de passionnés qui passent leurs dimanches en famille entre une pinte de bière, un carton de pommes de terre sautées et spéculoos tremper dans le café. Et pourtant il s'en va. Il y va parce que le cyclocross dans sa région, c'est une histoire, une culture et une passion. Sa passion avant tout : « C'est mon premier amour – explique-t-il et explique encore – c'est pourquoi j'aime retourner à la course chaque hiver. Cette année, seulement six courses dont j'ai besoin pour me remettre en forme même si mes ambitions sont limitées… » Ce qui n'est même pas vrai puisqu'à Gullegem et à Termonde, il avait tout le monde aligné. Mais la vérité est une autre. Surtout, cela fait une différence avec Mathieu van der Poelun immense talent plus fort que le Belge actuellement et peut-être jamais, mais certainement plus « cool », moins « populaire », moins héros romantique dans le sens où il aime gagner plus que participer et donc, s'il est pas sûr qu'il puisse le faire, s'il ne se sent pas au mieux, s'il a quelques petits problèmes il préfère se coucher… Van Aert ne le fait pas. Il y a plus ou moins un an à Pieve di Soligo, lors de la première édition du championnat du monde sur terre remporté alors par Mateij Mohoricle champion Visma partait favori. Puis tout lui est arrivé : deux crevaisons et deux chutes qui auraient mis n'importe qui hors de combat ou, à tout le moins, auraient décidé n'importe qui à s'arrêter là. Pas à Van Aert qui, avec une remontée impressionnante, termine huitième. Alors, comme il y a quelques jours dans la boue belge, on se demande qui lui fait faire ça ? Pourquoi un champion de sa trempe, qui n'est plus tout jeune, n'inscrit-il pas au calendrier uniquement les classiques, le Giri et les défis plus « confortables » ? Oui, pourquoi ? La réponse se trouve dans ces photos prises lors de la course de Termonde où il est difficile de le reconnaître mais d'où se dessine un sourire. Van Aert s'amuse sur la moto et Dieu merci, ça se passe comme ça car, tant qu'il est là, il faut le prendre en compte : les courses avec lui, qu'il gagne ou qu'il perde, c'est toujours autre chose. Quand il n'est pas là, tout est un peu plus insipide : comme s'il manquait un ingrédient…

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