2824 juillet
Sarzilla, les Jeux et le triathlon : « Mon cœur est en paix, ça valait le coup… »
Pourtant, la vie est étrange. Juste au moment où vous êtes convaincu d’avoir réussi à réaliser un rêve, ce rêve s’envole. Personne ne sait si c'est mieux ou pire. On ne peut pas dire s'il vaut mieux avoir vécu un rêve, avoir essayé, ne pas regretter ou si c'est pire de le voir glisser entre ses doigts. Ce qui est un peu comme les grandes histoires d'amour : « mieux valait se quitter que de ne jamais se rencontrer… » écrit-il. Fabrizio De Andre. C'est étrange la vie qui ne t'emmène pas toujours là où tu veux, qui t'emmène ailleurs, qui t'emmène généralement là où elle est dite. Donc ce n'est pas vrai, c'est vrai que l'important c'est de participer… Il y a des athlètes qui laissent leur empreinte même s'ils ne participent pas. Michele Sarzilla c'est un triathlète bleu qui rêvait d'aller à Paris pour disputer les seuls Jeux olympiques possibles de sa vie, parce qu'il est un champion mais surtout parce que c'est un garçon intelligent et sait parfaitement qu'à 37 ans les Jeux sont terminés pour lui. Il s’y est investi corps et âme au fil des années. Il a mis toute la ténacité, tous les efforts, toute la passion, tous les sacrifices dont il était capable. Il a tout mis dedans. Mais aux Jeux qui débutent après-demain pour les triathlons, dont on ne sait toujours pas à quoi ils ressembleront, si on nagera dans la Seine polluée ou on ne sait où, si on ne nagera pas du tout et donc nous courrons et ferons du vélo dans un duathlon qui n'est pas du tout olympique, Michele Sarzilla ne sera pas là. Il n'est pas allé aux Jeux de Paris parce que les entraîneurs italiens ont décidé d'en appeler d'autres à sa place : meilleurs, moins bons, plus forts, moins forts… Ce n'est pas la question. Ce n'est pas important. Cela n'a pas d'importance désormais. Les deux derniers mois ont été une histoire tourmentée. Il s'est battu jusqu'au bout car, comme il le dit dans sa région de Bergame, « quoi qu'il t'arrive… mon cœur… ». Et ainsi, malgré le monde qui s’effondre autour de lui, il a continué à faire ce qu’il a toujours fait pendant toutes ces années : s’entraîner. Incrédule, aigri, enragé, têtu, il essayait par tous les moyens de ne pas abandonner, pour beaucoup peut-être même trop, pour certains même sans avoir toutes les raisons, pour d'autres plus par fierté que par bon sens. Mais c'est tout. La dignité réside aussi dans la volonté de ne laisser personne gagner quand on se sent victime d’une injustice. La dignité, c'est d'y croire. Il a ensuite tenté de faire appel à la commission de garantie du CONI qui, comme le font souvent ceux qui s'occupent de paperasse et de bureaucratie, s'en est lavé les mains. Fin. En fait non. Car, comme nous l’avons dit au début, il n’est pas vrai que l’important soit de participer, du moins dans ce cas. Ce n'est pas vrai parce que les gestes, les sentiments, les mots sont valables : « Aujourd'hui est un jour de fête et l'espace et les réflexions sont tous pour les personnes que j'ai rencontrées en chemin, pour ceux qui l'ont fait et qui seront présents à Paris. , sur la scène sportive la plus importante du monde – écrit Sarzilla dans un post – je suis sûr, malgré l'épilogue, que dans un moment, quand je repenserai à ces années, j'aurai le souvenir des meilleures années de ma vie . Chaque instant en valait la peine et en moi, je serai sûr que mon cœur est en paix, après avoir donné et fait tout mon possible. Arrivés au terme de ce voyage, nous étions la seule équipe italienne à classer 3 athlètes aux Jeux Olympiques, avec la meilleure femme et le meilleur homme du classement olympique, et c'est un fait, personne ne peut nous le nier. Honneur à nous donc, à nos coachs, à nos coéquipiers. Tout ce que je peux faire, c'est vous souhaiter de vivre pleinement ce rêve, en me souhaitant que votre présence puisse même légèrement apaiser ma tristesse… » Chapeau, diraient les Français….