Une valeur à récupérer. Le caractère raisonnable et l’efficacité doivent toujours guider les décisions

Dans le domaine du soin, il y a un thème qui dans la société occidentale de plus en plus – il suffit de penser au monde de l’information et à celui de la formation – se révèle caché, pour ne pas dire exilé : celui de limite. Il y a des années, Kevin Wildes, un bioéthicien américain, écrivait que nous vivons dans un paradoxe : alors que la médecine semble offrir des possibilités infinies, la réalité est cependant régie par des limites. Notre médecine contemporaine, aussi sophistiquée et agressive soit-elle, est souvent incapable de guérir les patients, de sauver leur vie ou même d’influer de manière significative sur l’évolution de leur maladie. En parlant de limites, je pense qu’on peut se référer à au moins trois niveaux de sens différents. Limite du raisonnable: même dans le domaine de la santé, les connaissances et les actions humaines ne sont pas en mesure de répondre à tous les besoins ou demandes. Limite d’efficacité clinique: un élément qui évolue dans le temps (du fait de l’évolution des connaissances et de la disponibilité de nouveaux outils de diagnostic et de traitement).

donc la barre que la science parvient à mettre progressivement plus haut. Cependant, la médecine réussit – et c’est certainement un aspect fondamental et passionnant – à obtenir de nouveaux résultats, à réduire la morbidité et la mortalité, mais elle ne peut certainement pas annuler la mort. Limite de sens: nous devons sonder chaque action dans le domaine de la santé et des soins pour évaluer son sens et son acceptabilité également sur le plan éthique, dimension fondamentale de l’action humaine. En fait, ce qu’il est possible de faire n’est pas toujours éthiquement acceptable. Le principe de proportionnalité, par exemple, nous aide à comprendre que, tant sur le plan clinique qu’éthique, la simple disponibilité d’un moyen de diagnostic ou de traitement n’impose pas en soi une obligation de l’utiliser. Ne pas être conscient de la taille de la limite ne conduit pas à une bonne médecine et de prendre soin au mieux des personnes qui traversent le temps de la maladie. Au contraire, cela entraîne les médecins et les infirmières dans une sorte de chose dangereuse délire de toute-puissance.

Il n’est pas indifférent de considérer qu’actuellement le parcours universitaire de la Faculté de médecine tend à générer, pour ainsi dire, des dieux guerriers. Car, en fait, il n’envisage pas le thème de la limite et de la mort, et n’enseigne pas comment prendre soin des gens dans la dernière période de leur vie. Nous devons donc tout mettre en œuvre pour intégrer ces aspects dans les formations des médecins et infirmiers, en formant certainement un mettre la barre plus haut mais aussi de considérer honnêtement la taille de la limite. Ainsi apprendre à remodeler les soins, proposer des soins adaptés et continuer à en prendre soin en toutes circonstances et de la meilleure façon possible.

* Directeur de l’unité d’anesthésie et de soins intensifs pédiatriques, Spedali Civili, Brescia

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