Nous le connaissons mieux pour ses effets chez les adultes souffrant d’insuffisance respiratoire sévère de Covid. Mais cela fonctionne également avec les nouveau-nés et pourrait également devenir une ressource dans les pays en développement
Nous avons l’habitude de des soins de santé de plus en plus technologiques et coûteux. Parfois, bien que rarement, certaines interventions simples et pas du tout coûteuses peuvent être très efficaces. C’est le cas de pronation (c’est-à-dire positionner un patient sur l’abdomen) qui apporte des avantages significatifs en cas de arrêt respiratoire. Nous avons tous appris à la connaître grâce à la pandémie, voyant des adultes souffrant d’insuffisance respiratoire sévère du Covid s’améliorer dans cette position. La raison due à meilleure ouverture pulmonaire (avec un gain net de surfaces pulmonaires recrutées) et un meilleur couplage de la perfusion et de l’aération pulmonaire. évidemment beaucoup plus facile de proner un nouveau-né ou un nourrisson qu’un adulte, mais il est intéressant de noter qu’il n’y avait pas de données solides surefficacité et innocuité de la pronation chez le nourrisson gravement malade souffrant d’insuffisance respiratoire.
Jusqu’à présent, seules des études anciennes, très courtes, avec peu de patients et dépourvues de concepts modernes de réanimation respiratoire avaient été menées, maintenant pour une étude de l’Université Paris-Saclay publiée dans Lancet ECLinicalMedicinedémontre clairement, avec diverses techniques non invasives, que la pronation améliore la fonction pulmonaire et ouvre les poumons chez les nourrissons souffrant d’insuffisance respiratoire modérée et sévère. Le même résultat obtenu chez ceux qui évoluent vers une insuffisance chronique (la soi-disant broncho-dysplasie). C’est une nouveauté dans la nouveauté car il a un mécanisme différent et la pronation n’avait jamais été essayée en cas de insuffisance respiratoire chroniquepas même l’adulte. Dans l’ensemble, les avantages ont été démontrés avec une pronation de 6 heures, en toute sécurité, pour 161 nouveau-nés. D’autres développements peuvent provenir d’études plus poussées visant à comprendre si la pronation a des effets positifs même dans le cas de maladies respiratoires obstructives (comme la bronchiolite) ou dans d’autres affections respiratoires chroniques.
C’est une information importante qui nous dit aussi comment, dans ce domaine, le nouveau-né critique n’est pas un être différent de l’adulte et suivre la même physiopathologie que le patient plus âgé. Ceci est important d’un point de vue transversal car on ne peut qu’apprendre de l’expérience accumulée en médecine adulte et parfois même faire progresser les connaissances et trouver des solutions sans frais. Ceci est d’autant plus nécessaire en néonatologie où la recherche et le développement languissent et où les nouvelles interventions pharmacologiques ou instrumentales sont rares et peinent, pour diverses raisons, à se mettre en place. D’autres conséquences peuvent être imaginées grâce à l’application de cette simple intervention dans les pays en développement ou dans des centres périphériques sans les techniques d’assistance respiratoire et les traitements typiques des unités de soins intensifs néonatals de référence.
* Président Société européenne de soins intensifs pédiatriques et néonataux