L’anticorps monoclonal a été approuvé par l’Agence européenne des médicaments. Ici, la campagne est vouée à être reportée d’un an en raison de divers problèmes

Il semble que l’expérience accumulée au cours des nombreuses années de pandémie n’ait pas été mise en œuvre et mise à profit face à l’épidémie du virus respiratoire syncytial (VRS), qui représente la principale cause de bronchiolite et d’autres infections respiratoires infantiles et provoque généralement de grandes épidémies hivernales. Ces dernières années en particulier, nous avons assisté à des pics de nécessité d’une hospitalisation en soins intensifs néonatals/pédiatriques disproportionnée par rapport à la disponibilité des lits. Dans de nombreux pays et régions d’Europe, les nouveau-nés et les nourrissons ont dû être déplacés à des centaines de kilomètres de chez eux pour pouvoir s’en occuper. À partir de cette année, nous avons la possibilité de procéder à une vaccination universelle et sûre (passive).de tous les nouveau-nés et nourrissons possédant un anticorps monoclonal efficace en une seule administration tout au long de la saison hivernale.

L’anticorps a été approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) et l’EMA (Agence européenne des médicaments).en Amérique du Nord, ils l’administrent universellement. Disponible en Europe, mais en fait utilisé de manière inégale dans l’UE, des inégalités graves et éthiquement discutables. La France et l’Espagne ont lancé leur campagne de vaccination universelle en septembre, l’Allemagne et le Luxembourg suivent peu après, mais aucun autre pays européen, y compris l’Italie, ne le fait. Pourtant, le médicament approuvé pour tout le monde et tous les nouveau-nés méritent d’être protégés. Certes, malheureusement, ils ne le seront pas pour cette saison 2023-2024. Les raisons sont nombreuses et toutes inquiétantes, comme le rapporte un article récemment publié sur Lancet Santé Régionale – Europe par un groupe d’experts. Entre ceux-ci : d’autres mesures au niveau national ou régional, malgré l’approbation européenne centralisée ; l’absence de voie de mise en œuvre préférentielle ; le manque d’informations publiques sur le VRS et la possible pénurie de lits en soins intensifs pédiatriques/néonatals.

La régionalisation excessive, à certains égards, du système de santé joue également un rôle alors qu’un système plus centralisé réagirait plus rapidement aux urgences épidémiques. Mais il y a aussi d’autres facteurs comme le manque relatif de capacité de production industrielle et peut-être le manque d’attention accordée au problème même par nous, médecins. Les infections à Rsv ont une très faible mortalité, mais les enfants atteints de maladies concomitantes peuvent mourir et, de toute façon, nécessitent souvent assistance respiratoire en soins intensifs avec des conséquences en termes de temps, de ressources, de coûts, mais aussi d’anxiété et de journées de travail perdues pour les parents. Malgré la pandémie, donc, Les enfants européens et italiens n’ont pas un accès égal à une intervention bénéfique souffrent d’une discrimination qui serait facilement évitable.

* Professeur de Néonatalogie, Université Paris Saclay ; Comité Pédiatrique Ema (les opinions exprimées sont personnelles et en aucun cas imputables à EMA ou à ses structures internes)

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