Les troubles cognitifs se développent souvent, ou s'aggravent, après un épisode de confusion mentale aiguë et le risque de maladie d'Alzheimer est élevé avec l'âge avancé.
J'écris pour mon beau-père de 94 ans. Il y a environ un an et demi, suite à une grippe (pas de Covid), il est resté quelques mois dans un état semi-végétatif, dans le sens où il dormait toute la journée et ne mangeait que des boissons protéinées. Puis petit à petit il a commencé à manger des aliments solides et a repris des forces. Comme médicament, il ne prend que 30 mg de mirtazapine (un comprimé et demi le soir), prescrite par un neurologue ; il souffre également d'hypotension. Ces derniers mois, j'ai remarqué sa difficulté à s'orienter dans l'espace-temps, il oublie les événements qui se sont produits peu de temps auparavant, il répète la même chose il y a quelques minutes et quelques jours, sortant seul, il ne parvenait pas à retrouver le chemin du retour. Au contraire, il garde un souvenir très vif des événements survenus il y a 30 à 40 ans. Serait-ce le début de la maladie d'Alzheimer ? Nous sommes très inquiets et aimerions comprendre quelle est la meilleure façon de l'aider.
Il à répondu Nicolas Marchionniprofesseur émérite de médecine interne et gériatrie, Université de Florence (ALLER AU FORUM)
Il pourrait être déficience cognitive (suggérée par la perte de mémoire récente), provenant potentiellement d'une atrophie cérébrale (maladie dégénérative, type maladie d'Alzheimer) ou d'accidents vasculaires cérébraux (maladie d'origine vasculaire), qui peuvent également coexister, avec le développement de démences mixtes, dégénératives et vasculaires. Les troubles cognitifs se développent souvent – ou s’aggravent – plus tard un épisode de confusion mentale aiguë (en langage technique : délire), comme celui que votre beau-père semble avoir eu il y a des mois après un essai de « grippe ». En revanche, la probabilité qu'il s'agisse de la maladie d'Alzheimer est augmentée parl'âge avancé, principal facteur de risque non modifiable: la prévalence de la maladie augmente avec l'âge, de 1% à 65-69 ans à 40% à 85-89 ans.
Comment poser le diagnostic
Le diagnostic nécessite une évaluation neuropsychologique (réalisé par un gériatre ou un neurologue orienté vers l'étude de la démence) et un test d'imagerie cérébrale (TDM ou résonance magnétique nucléaire cérébrale directe) ; sous des formes douteuses, nous recourons également à techniques pour étudier le métabolisme cérébral (TEP/CT cerveau avec glucose marqué) ou marquer les dépôts de protéines amyloïdes dans le cerveau. Des analyses de sang (Tsh ; vitamine B12 ; acide folique) doivent également être réalisées pour exclure les formes de démence réversible. Il convient de rappeler que les altérations du profil cognitif peuvent être favorisées parusage inapproprié de drogues psychoactives: à cet égard, 45 mg de mirtazapine (antidépresseur qui a aussi une action sédative importante) est une dose assez élevée, surtout pour une personne de 94 ans.