Les petits n’arrêtent pas de demander : « Quand est-ce qu’on vient ? » et succombe rapidement à l’ennui. La raison? Le manque d’implication mais surtout la perception de l’espace-temps qui change avec l’âge

Lors d’un voyage en voiture, des parents du monde entier auront entendu mille fois les enfants assis à l’arrière lui demander : « Maman, quand est-ce qu’on arrive ? » Si le voyage commence à durer plus de trente minutes, l’interrogatoire chantant est une certitude : « Papa manque beaucoup ? ». Au début les réponses sont polies et rassurantes, pour devenir plus agressives et frustrées au fur et à mesure que la longue tournée se poursuit car le sentiment est que les enfants ne comprennent pas les informations qui viennent d’être données. A tel point qu’à la fin des vacances la pensée commune est : « C’est assez! Je ne les emmènerai plus nulle part. »

La perception du temps change avec l’âge

Mais pourquoi les voyages semblent-ils si longs pour les enfants ? A demandé au psychologue de l’Université John Moores de Liverpool, Ruth Oden qui sur The Conversation essaie d’apporter des réponses, réfléchissant sur la psychologie des garçons. L’une des raisons avancées, sur la base de diverses études, est que la perception du temps change avec l’âge : à l’âge adulte, il semble que le temps passe beaucoup plus vite et tout le monde se sera retrouvé à assister au contraste bizarre d’un fils qui répète «Mais Noël n’arrive-t-il plus ?» et un parent qui répond : « Mais comment, Noël est déjà là ? ». On pense que le temps passe plus vite en vieillissant parce que toute portion de temps prise en considération devient un pourcentage d’une tranche de vie différente en fonction de l’âge. Par exemple, à sept ans, une année représente 14,30 % de toute la vie vécue, à 70 ans, ce n’est que 1,43 %. À cause de ce un trajet en voiture de cinq heures peut sembler plus long à un enfant de cinq ans qu’à un homme de 50 anssimplement parce que ce temps est une tranche nettement plus grande de la vie vécue par l’enfant.

La compréhension de l’espace-temps

En vieillissant, nous développons également un meilleure compréhension de la géographie et des distances, capacité qui nous permet de mieux comprendre jusqu’où nous avons voyagé et combien il reste encore à arriver. Par exemple lors d’un trajet entre Milan et Rome à bord d’un train à grande vitesse, pour vivre nous savons que lorsque vous arriverez à Florence, vous venez de passer la moitié du trajet et connaître ces informations est d’une grande aide pour comprendre le temps qu’il vous manque encore pour atteindre votre destination. La même chose se produit dans la voiture, où, entre autres, le navigateur fournit des rapports en temps réel sur les files d’attente ou les accidents, recalculant constamment l’heure d’arrivée. L’absence de ces connaissances chez les enfants les rend clairement plus dépendants des adultes pour les mises à jour de voyage.

Le manque de contrôle

L’incertitude des enfants quant au temps qui s’est écoulé et au temps qu’il leur reste est également aggravée par leur propre manque de contrôle sur le trajet. Ce sont les adultes qui choisissent le parcours, qui décident des étapes, qui décident quand il est temps de déjeuner. L’incertitude temporelle ou sentiment de ne pas savoir quand quelque chose va se passer peut ralentir la perception du temps qui passe. Presque tout le monde aura fait l’expérience d’être à bord d’un train qui s’arrête inexplicablement juste devant la gare d’arrivée ou d’attendre sans fin des bagages sur le tapis roulant. Probablement – dit le psychologue – que le temps d’attente nous aura semblé très long et avoir des nouvelles du conducteur du train ou du personnel de l’aéroport aurait été le bienvenu. C’est juste ne pas savoir ne pas avoir le contrôle sur une certaine situation qui dilate le temps . Lorsqu’il y a une incertitude sur les horaires, nous accordons beaucoup plus d’attention que d’habitude et cela se traduit par le sentiment que le temps passe plus lentement. Le mécanisme est identique chez l’enfant : sans distraction, ils se focaliseront sur la progression de tout voyage.

L’ennui et le temps qui passe

Enfin les enfants tolèrent difficilement l’ennui, et quiconque est parent le sait bien. Alors que pour papa et maman être enfermés dans la voiture pour un long trajet peut être l’occasion de réfléchir ou de parler sereinement d’une série de sujets difficiles à aborder pendant les journées mouvementées, pour les plus petits ce sera plein d’ennui sans rien d’autre à faire que de regarder par la fenêtre. Le désir de stimulation continue des enfants signifie que l’ennui survient souvent rapidement, ralentissant aussi le passage du temps. Tout comme avec l’incertitude du temps aussi l’ennui affecte la perception du temps, modifiant le temps que nous y consacrons. Quand on s’ennuie, il semble que les aiguilles de l’horloge n’avancent jamais ; au contraire, si on s’amuse on fait peu attention au temps qui passe car notre durée d’attention donne la priorité à autre chose. Bref, le dicton est bien vrai : le temps passe vite quand on s’amuse,

Conseils pour les prochains voyages

Il est donc conseillé de chérir l’expérience pour essayer d’améliorer les choses pour le prochain voyage. Comment ceci peut être fait? Impliquer les enfants dans la planification du voyage et montrer l’itinéraire sur le navigateur (ou mieux encore sur une carte papier) peut être d’une grande aide. Même établir les étapes ensemble, communiquer aux enfants en temps réel les éventuels accidents pouvant ralentir le parcours peut contribuer à les impliquer davantage dans le partage de l’expérience, y compris les imprévus. Enfin, il est toujours utile de préparer des jeux de mots ou autres passe-temps, notamment les jeux vidéo, mais sans exagérer.

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