Cher Mario, Merci pour votre question car elle me donne l’occasion, dans le but de vous apporter quelques éclaircissements, d’aborder certains sujets d’un grand intérêt.
Tout d’abord, elle signale qu’elle souffre d’un trouble d’anxiété généralisée, une condition qui a souvent des caractéristiques chroniques. L’utilisation des benzodiazépines, classe pharmacologique connue pour ses propriétés anxiolytiques, n’est indiquée qu’en phase aiguë. La tendance à l’atténuation de l’effet et les risques associés à la dépendance et à l’abus n’en font pas la thérapie de choix pour le trouble dont il souffre. En fait, conformément aux directives internationales, il serait conseillé d’utiliser des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) qui ont une bonne efficacité et une bonne tolérance.
J’en viens maintenant à une autre question de grande importance que vous avez soulevée. Les benzodiazépines, médicaments largement utilisés, tant pour leurs effets anxiolytiques qu’hypnotiques, ont été au centre d’un grand débat concernant le risque de prédisposition au développement de la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démence. Le problème a été soulevé pour la première fois dans une étude réalisée en 2012 par Gallacher de l’Université de Cardiff. En 2014, une autre étude publiée dans le British Medical Journal faisant autorité a contribué à attirer l’attention sur la question.
En 2020, dans un éditorial très lucide publié dans l’American Journal of Psychiatry, Salzaman (retrace les résultats de la littérature scientifique de ces dernières années sur le sujet, observant à quel point il est évident que de nombreuses personnes qui présentent des symptômes précoces de démence définis comme » troubles cognitifs légers » ou déficits cognitifs légers, tels que des difficultés de mémoire et de concentration présentent souvent des symptômes compréhensibles d’anxiété qui sont traités avec des anxiolytiques. Ce fait explique pourquoi dans certaines études les personnes qui ont développé une démence au fil du temps sont plus exposées aux benzodiazépines, clarifiant ainsi comment corrélation entre les deux phénomènes cela ne signifie pas que l’un provoque l’autre mais que les deux (démence et consommation de benzodiazépines) sont l’effet de la présence des premiers symptômes de troubles cognitifs.
L’auteur conclut qu’il ne fait aucun doute que l’utilisation de sédatifs/hypnotiques peut être associée à une détérioration transitoire du fonctionnement cognitif, dose-dépendante et résolutive à l’arrêt du traitement. Pour cette raison, ces médicaments doivent être utilisés aux doses les plus faibles et pendant la durée la plus courte possible. Nous attendons des recherches qui puissent démontrer une association entre ces médicaments et la démence, mais jusqu’à ce qu’elles soient publiées, nous devons supposer qu’il n’y a pas de lien entre leur utilisation et le risque d’Alzheimer.
En conclusion, cher lecteur, je voudrais vous rassurer sur vos craintes mais en même temps je vous conseillerais de réévaluer avec votre médecin de confiance la thérapie la plus adaptée à votre trouble.
Cordialement
Dr Giancarlo Cerveri