la thèse d’une étude récente. Ce trait de personnalité est certes associé à la sociabilité, mais il peut parfois être l’expression d’une souffrance intérieure ou d’une pathologie.
D’après une étude d’une centaine de personnes, récemment reprise par le magazine Bulletin de la personnalité et de la psychologie socialeCeux qui parlent beaucoup, même dans une conversation entre inconnus, sont perçus comme plus agréables et même plus sympathiques que ceux qui sont plus réservés et considérés comme réticents. Vive les bavards, alors ? D’abord – il répond Giancarlo Cerveridirecteur du département de santé mentale et de toxicomanie de la Lodi Social Health Authority – nous devons réfléchir à une question éthologique : langage chez l’homme exceptionnellement développé, constitue une caractéristique fondatrice. Bien vrai, exemple connu, que le chant incessant des baleines est une forme de communication et sert à construire des relations efficaces; langage chez l’homme il transmet aussi des connaissances, aide à les partager et il peut modifier le groupe lui-même et ses conceptions. Désormais la question se complique étant donné que nous vivons à l’ère des réseaux sociaux et que les moyens de communication se sont multipliés.
Parlez ne postez pas
Mais pourquoi parlons-nous (ou publions-nous) beaucoup ? Outre le fait qu’il n’est pas évident que les « parleurs » soient aussi des adeptes des réseaux sociaux, car une chose est le comportement « en présence », une autre le « à distance », à la base de ces attitudes il peut y avoir une forme de « narcissisme hypervigilant » – précise l’expert -, typique de personnes apparemment sûres d’elles mais en réalité très fragiles: craignant que les autres ne pensent quelque chose de négatif à leur sujet, ils remplissent tous les espaces avec leurs propres mots.
Un autre cas celui de narcissique classique: Alors que le type hypervigilant est très attentif aux autres et craint leur avis – distingue Cerveri – ce second type de narcissique ne s’intéresse qu’à lui-même, convaincu qu’il a beaucoup à dire et qu’il n’appartient qu’aux autres d’écouter. Là et puis c
hje parle beaucoup mais je ne communique jamais de contenu approfondi parce qu’il a peur que d’autres l’utilisent pour lui faire du mal ; un contenu précieux ne peut émerger que si la relation s’approfondit, mais dans la dimension sociale difficile de se produire aussi parce que la relation est ouverte à de nombreux sujets.
Silencieux et fiable
Mais Alors, qui parle tellement mieux ? Pas nécessairement Je dirais – commente le psychiatre – car on ne communique pas seulement avec la parole mais aussi avec le regard, la posture, le mouvement des mains, voire le type de vêtement. Tout d’ailleurs nous connaissons des gens en qui nous avons confiance même s’ils sont « silencieux »; d’autre part, ceux qui parlent trop finissent par ne pas être écoutés.
Dépression et autres pathologies
Bien que trop parler ne soit certainement pas une maladie, cela peut cependant être révélateur de plusieurs pathologies psychiques poursuit le spécialiste. Toute personne atteinte de trouble bipolaire
en phase maniaque – dans lequel il est euphorique et décomplexé, dort peu et se caractérise par une activité psychomotrice continue – parle de façon irrépressible. Au contraire, dans une phase dépressive, il a tendance à se taire et à se replier sur lui-même. La désinhibition de la phase maniaque conduit à des conversations avec tout le monde, sans savoir quand s’arrêter ; un comportement que les auditeurs ressentent comme intrusif et dérangeant, qui finit par se retourner contre le conteur compulsif: avec son bavardage ininterrompu, il aimerait communiquer avec les autres et avoir de bonnes relations, mais il obtient le résultat inverse.
Anxiété et trouble obsessionnel compulsif
Un autre trouble pouvant conduire à une production verbale excessive est celui lié à l’anxiété : parler beaucoup découle, dans ce cas, du besoin de diminuer le niveau d’inconfort, de tenir ses peurs à distance. Même les TOC ont souvent tendance à beaucoup parler, avec la particularité de se perdre dans les détails, devenant ainsi ennuyeux pour les auditeurs. Dans certaines formes de troubles de la personnalité, parle trop Cerveri conclut. elle peut alors être présente lorsque la relation aux autres est vécue comme le « fondement » de sa personnalité et l’interruption du discours, bien que momentanée, se traduit par un profond sentiment de distance et de solitude. Dernier cas extrême, celui de quelqu’un qui parle tout seul : c’est un trouble de la pensée délirante assez rare mais impressionnant. Pas la simple production autonome de pensées – définie comme « ‘parole intérieure »- car dans ces cas pathologiques la « voix intérieure » est perçue comme réelle. Bref, ces sujets sont incapables de faire la distinction entre réalité externe et réalité interne. Rassurer qui « marmonne » souvent pour lui-mêmeon ajoute pour cela un seul symptôme, comme se parler à soi-même, ne suffit pas à être défini comme sujet
psychotique.
Pour diagnostiquer une pathologie il faut être en présence de nombreux symptômes qui coexistent et ne sont pas éphémères.