Créer des parcours axés non seulement sur le patient mais aussi sur sa famille

À ce jour, la recherche scientifique a franchi des étapes importantes menant à une augmentation de la probabilité de survie des patients admis aux soins intensifs après un événement grave inattendu ou une intervention chirurgicale complexe. Parallèlement à d’excellents développements techniques, il existe également une prise de conscience progressive et croissante des complications qui peuvent survenir tout au long du processus. Après l’admission à l’unité de soins intensifs, les patients peuvent être affectés par des conditions organiques telles que escarres, atrophie musculaire due à une immobilisation prolongée et/ou altération possible des fonctions pulmonaire, cardiaque et rénale.

Mais ils peuvent aussi apparaître troubles neurocognitifs ou psychologiques, comme les déficits d’attention et de mémoire, mais aussi la dépression et les troubles de stress liés aux souvenirs traumatiques. Dans l’ensemble, cette condition peut être définie avec le terme anglais de fragilité c’est-à-dire fragilitécompris comme une fragilité physique, et comme une plus grande vulnérabilité aux conditions générales de la personne. L’expérience de l’hospitalisation en soins intensifs affecte non seulement le patient, mais affecte également les membres de la famille. Symptômes d’anxiété et de dépression, perte de perspectives de satisfaction et de bonheur, difficulté à traiter tout deuil, une baisse globale de la productivité dans le cadre personnel et professionnel, ils peuvent avoir un impact sur la qualité de vie de ceux qui assistent le patient.

À une époque où nous nous dirigeons de plus en plus vers médecine personnaliséeil est essentiel que lorsqu’on pense aux soins intensifs, on aille au-delà des soins intensifs eux-mêmes, impliquant également la médecine locale et respectant les souhaits du patient et de la famille. La maladie grave n’est qu’une des phases de la maladie et se définit non seulement par le besoin de soutien des fonctions vitales d’un individu, mais également par la manière dont l’état de santé préexistant interagit avec la maladie grave elle-mêmeet les effets à long terme de l’exposition aux thérapies et aux technologies que nous offrent les soins intensifs d’aujourd’hui.

La plupart de ces conditions peuvent également être trouvées chez les patients qui ont subi une intervention chirurgicale majeure. En effet, ils doivent souvent faire face un long voyage en trois phases: une première phase d’anxiété/attente qui va du diagnostic à l’intervention chirurgicale ; une seconde de stress biologique et psychologique fort représenté par l’événement chirurgical lui-même et un tiers de récupération fonctionnelle, jusqu’au début d’un éventuel processus de réhabilitation. Pour permettre une gestion optimale, il est donc indispensable créer des parcours centrés sur le patient lui-même et sa famille.

* Professeur ordinaire d’anesthésie et de soins intensifs, Université de Parme

A lire également