L’abus d’anglicismes mal traduits ou mal interprétés dans le jargon médical peut parfois être trompeur, souvent ridicule voire irritant
Sur le Courrier de santé en kiosque aujourd’hui, 2 avril, on essaie de clarifier la différence entre l’arthrite et l’arthrose
. Pour certains, cela peut sembler futile : qui ne connaît jamais la différence ? Réponse : sinon presque toutes.
Le suffixe -ite indiquer inflammation, mais généralement il s’apprend en fréquentant une faculté scientifique biomédicale. Et même quand on le savait, peu de choses changeraient, car si quelque chose fait mal on peut très bien penser que ça s’enflamme même si en réalité ce n’est pas tout à fait ça.
Pierre Angèleen maître de la communication qu’il était, il raconta un jour que pour lui une lettre d’un téléspectateur le remerciant car il avait su tout lui faire comprendre grâce à son langage grossier.
Évidemment, il voulait dire couramment, mais le fait même d’avoir réussi à se faire comprendre par une personne qui n’avait pas eu le privilège de pouvoir étudier était pour lui une confirmation de sa clarté. Une leçon pour ceux qui communiquent par métier, comme les journalistes, ainsi que pour ceux qui utilisent la communication dans les métiers de la santé.
Clarté qui, par ailleurs, est parfois introuvable lors de la recherche d’informations médicales sur les moteurs de recherche Internet, également en raison d’anglicismes qui peuvent dérouter : par exemple en anglais l’arthrose peut aussi être appelée arthrite
. Bref, la médiation peut encore servir : un vrai médecin peut expliquer la différence en cas de doute généré par le Dr Google.
Et, tant qu’on y est, l’abus des anglicismes tirée de la littérature scientifique parfois sinon trompeuse du moins irritante. Réfléchissons au terme multisoft pour indiquer une personne atteinte de diverses pathologies, de morbidité, c’est à dire la morbidité (pas que c’est magnifique même en italien mais au moins ça ne semble pas associer un malade à un matelas ou une marque de papier toilette). D’ailleurs, le premier sens de morbidity en anglais serait morbidity, au sens non pas de pathologie mais, par exemple, d’attention morbide. Sans oublier l’incontournable désormais administrer un questionnaire. On pourrait se demander : avant ou après les repas ? Ne pourrait-on pas dire trivialement : soumettre ou proposer ? Eh bien, en fait, nous devrions nous appliquer. Postuler? Je veux dire s’inscrire ? À quoi?