Une fois qu’on l’a dit, et on le dit encore, pense avec ton ventre, agis avec ton ventre, pour stigmatiser les paroles et les actions irrationnelles. Maintenant, la science nous dit que la relation entre l’intestin et le cerveau est beaucoup plus étroite qu’on ne le pensait et que le premier est véritablement capable d’influencer le second et même de le protéger. Et comme si cela ne suffisait pas, on s’habitue à l’idée que nos cellules au sens strict ne sont pas tant responsables de nous que d’autres, différentes de nous, et qui sont nous. Les micro-organismes, qui nous habitent et, on peut le dire, nous constituent: à tel point qu’une des préoccupations désormais est de bien les nourrir pour qu’ils se sentent bien, et de s’assurer que parmi eux laisser le bien l’emporter sur le mal. Un changement de perspective qui est la dernière étape, pour l’instant, d’un chemin qui part de la sagesse populaire (agissant avec les tripes, en fait), et qui montre à quel point il est vrai que nous devons être humble face à la connaissancesachant cependant que la connaissance, comme dans ce cas, se nourrit de l’expérience et de la culture.
Connaissance, illustre un bon exemple, comme l’air que nous soufflons dans un ballon: plus on le souffle, plus le ballon qui représente notre savoir devient gros, mais en même temps sa surface externe entre en contact avec une surface de plus en plus grande que nous ne comprenons pas encore dans notre ballon : dire que c’est vrai ce plus tu en sais, plus tu sais que tu ne sais pas. A l’inverse de ce qui se passe enfermé dans les caisses de résonance dans lesquelles internet nous contraint de plus en plus aujourd’hui, plus ou moins consciemment, mais presque toujours confortablement, là où en réalité, pour citer le philosophe Byung Chul Han dans Infocratie (Einaudi), l’information se diffuse sans passer par l’espace public, elle est produite dans des espaces privés et écoutée dans des espaces privés (…) Les communautés numériques (…) sont en réalité des biens. Dans une caisse de résonance, qui favorise et cimente avant tout une appartenance identitaire, il est plus difficile de gonfler son ballon de connaissance, il manque l’air de la culture, qui a besoin d’ouverture et de comparaison. Et la pièce a des murs durs.